Le pape François prône l’Espérance dans le sillage de Madeleine Delbrêl
Pour le Jubilé, le pape François prône l’espérance dans le sillage de Madeleine Delbrêl et Charles Péguy (par Cyprien Viet, i.Media)
L’espérance « est un don et un devoir pour chaque chrétien », insiste le pape François dans la préface d’un livre édité en italien par la Librairie éditrice vaticane (LEV) à l’approche du Jubilé, sous le titre La speranza è una luce nella notte (L’espérance est une lumière dans la nuit). Ce livre, qui reprend son cycle de catéchèses sur l’espérance, donne l’occasion au Pape de s’inspirer de deux auteurs français qu’il cite régulièrement : Charles Péguy (1873-1914) et Madeleine Delbrêl (1904-1964).
Pèlerins d’espérance
Dans la préface de ce livre – datée du 2 octobre mais rendue publique ce 6 novembre 2024 -, le Pape rappelle que l’Année Sainte 2025, dédiée au thème « Pèlerins d’espérance », doit permettre de « réfléchir sur cette vertu chrétienne fondamentale et décisive ». L’espérance doit être remise en valeur, « surtout à une époque comme la nôtre, où la troisième guerre mondiale par morceaux qui se déroule sous nos yeux peut nous conduire à adopter des attitudes d’abattement morose et de cynisme mal dissimulé », insiste-t-il. « L’espérance est aussi une tâche que les chrétiens ont le devoir de cultiver et de mettre à profit pour le bien de tous leurs frères et sœurs », explique François, qui invite à « rester fidèle au don reçu ». Comme il l’avait fait dans son audience générale du 8 novembre 2023 qu’il lui avait dédiée, le Pape se réfère à Madeleine Delbrêl, « une Française du XXe siècle qui a su porter l’Évangile dans les périphéries, géographiques et existentielles, du Paris du milieu du siècle dernier, marqué par la déchristianisation ».
« Notre vocation exige que nous choisissions, chaque jour et chaque heure, d’être fidèles à la fidélité de Dieu pour nous », écrivait la militante française, qui avait choisi de vivre à Ivry-Sur-Seine, dans une municipalité alors communiste et ouvrière. « Dieu nous est fidèle, notre tâche est de répondre à cette fidélité », insiste François.
L’espérance, une vertu phare dans l’œuvre de Charles Péguy
Dans cette perspective, le Pape donne ce conseil pratique aux lecteurs : « Le soir, avant de vous coucher, en repassant les événements que vous avez vécus et les rencontres que vous avez faites, partez à la recherche d’un signe d’espérance dans la journée qui vient de s’écouler. (…) L’espérance est bien une ‘vertu d’enfant’, comme l’a écrit Charles Péguy », explique l’évêque de Rome.
« Et nous devons redevenir des enfants, avec leur regard étonné sur le monde, pour le rencontrer, le connaître et l’apprécier. Entraînons-nous à reconnaître l’espérance. Nous pourrons alors nous émerveiller du bien qui existe dans le monde. Et notre cœur s’illuminera d’espérance », insiste François.
Le Pape se réfère aussi à Charles Péguy dans la préface d’un autre livre édité par la LEV, et dédié cette fois-ci au pèlerinage, sous le titre La fede è un viaggio (La foi est un voyage).
François y rappelle que le pèlerinage n’est pas seulement une aventure physique mais d’abord une démarche spirituelle : « Comme le savent bien tous ceux qui ont fait des pèlerinages à pied, arriver enfin à la destination tant désirée – je pense à la cathédrale de Chartres, qui a connu depuis longtemps un renouveau en termes de pèlerinages grâce à l’initiative, il y a un siècle, du poète Charles Péguy – ne signifie pas se sentir satisfait : ou plutôt, si extérieurement on sait qu’on est arrivé, intérieurement on est conscient que le voyage n’est pas achevé », insiste le pontife argentin.
« Dieu est ainsi : un objectif qui nous pousse à aller plus loin, une destination qui nous appelle sans cesse à continuer, parce qu’il est toujours plus grand que l’idée que nous nous faisons de lui », martèle le pape François.